Le vendredi Saint à Sartène se déroule le catinacciu qui fait revivre la passion du Christ.
U catinacciu, << mauvaise chaine>> est le terme qui désigne le porte croix, le pénitent rouge, et qui donne son nom a la procession.
Il traine dit-on, les péchés du monde. Mais sa chaine se prolonge, elle semble lier tous les hommes, ceux du cortège qui suit, mais aussi tous ceux qui, au cours des siècles, l'ont porté avant lui.
Il représente bien <<ceux de la chaine>>, c'est-à-dire celle de l'humanité tout entière tributaire de son état.
Le pénitent est choisi par le prêtre qui décide seul de celui qui portera la croix parmi la longue liste de volontaires.
Les motivations peuvent être diverses, certains le font pour expier une faute commise, beaucoup d'autres pour réaliser un voeu, pour demander une grâce, pour remercier ou simplement par acte de foi.
Il adresse alors une lettre où il exprime ses motivations, il rencontre le prêtre qui s'entretient avec lui, le prêtre jugera ensuite quel est, selon lui, celui qui a le plus <<besoin>> de faire ce chemin de croix.
Certains attendent 20 ans, d'autres ne seront jamais choisis.
Le curé choisit des hommes entre 40 et 60 ans, il préfère un homme d'âge mûr.
Parfois il y a des exceptions, mais c'est très rare.
Le pénitent passe les 3 jours qui précèdent la procession dans une cellule du couvent de San Damianu des Franciscains, pour méditer, prier et jeûner.
La durée peut être aménagée pour préserver l'anonymat du pénitent, dont tous Sartène, après la procession, tentera de deviner l'identité ; jaugeant la taille, la corpulence, se damandant si untel a été vu ou non;
l'anonymat volontaire reste toujours source de questionnement. Pourtant cet anonymat est indispensable au mystère de cette procession et à la transcendance qui en découle, il permet de devenir totalement l'éternel
<<porteur de chaîne>>, chaque année différent, chaque année identique.
Le vendredi Saint , tout commence avec la préparation de la procession, où déjà le rituel s'installe.
Le Christ articulé est descendu de la croix, ses bras ramenés près de son corps, pour le faire entrer dans son cerceuil.
Seuls les confrères y participent : le prieur, le sous-prieur et deux confrères.
Il faut être quatre pour nouer autour du cerceuil le linceul blanc, un linzolu.
Il faut tourner à l'unisson, inghjermùlà, sela une techniqueséculaire, transmise de génération en génération, car sinon le déséquilibre empêcherait les Noirs de porter convenablement le catafalque.
Avant c'était les soeurs du couvent qui aidaient le prieur, ils étaient alors seuls dans la pièce, personne d'autres ne devait y assister.
Ensuite, la grande croix provessionnelle va être placée sur l'autel, le catafalque du Christ mort est posé dessous.
Extrait du livre Tempi Fà